Appeler un enfant « bébé-arc-en-ciel » lorsqu’il est né après la perte d’un autre bébé peut grandement déplaire à certains parents. Les femmes ayant vécu des fausses couches ou des problèmes de fertilité savent à quel point le chemin pour devenir mère peut être difficile. De nos jours, la perte d’un enfant reste un sujet tabou dans la société. Pourtant, les parents qui ont vécu ou traversent cette épreuve comprennent l’importance d’exprimer leur douleur pour surmonter le deuil périnatal. Alors pourquoi le terme de « bébé-arc-en-ciel » ne fait pas l’unanimité ?
Maternité invisible, mais maternité malgré tout
Pour atténuer leur chagrin, certains parents utilisent un langage poétique pour parler de leur expérience. Des termes tels que « parange », « bébé étoile » ou « bébé arc-en-ciel » décrivent tous la perte d’un enfant. Le terme parange désigne le parent du bébé qui ne viendra pas au monde. Quant aux expressions « bébé étoile » et « bébé arc-en-ciel », elles sont employées dans deux contextes différents. Le « bébé étoile » est celui qui grandit dans le ventre de sa mère, mais qui ne peut atteindre la maturité et naît sans vie. Si vivre auprès des siens ne lui a pas été permis, il n’en demeure pas moins aimé par ses parents. Pour ces derniers, il demeurera ainsi à jamais une étoile qu’ils contempleront dans le ciel. Johanna, auteure d’un blog dédié au deuil périnatal, décrit comment elle parvient à garder un lien avec ce bébé disparu.
La nuit, j’aime me recueillir, regarder le ciel, j’observe les étoiles et je pense à toi Angelina. Le ciel est habité d’anges qui veillent sur leurs parents, leur famille. Je ne peux m’empêcher de penser que tu as choisi l’étoile la plus brillante, celle que je remarquerai immédiatement. Comme s’il était si simple de poser les yeux sur toi malgré ton absence.
Le bébé arc-en-ciel
L’expression « bébé arc-en-ciel » désigne quant à elle un enfant né après une fausse couche, l’arrivée d’un bébé mort-né ou un décès néonatal. Généralement considéré par ses parents comme un véritable petit miracle, ses premiers cris sonnent pour eux la fin d’une période sombre. Ces moments sont marqués par la peur, des émotions lourdes et même une certaine forme de culpabilité. En effet, bien qu’elles apportent de la joie aux parents, les grossesses « arc-en-ciel » ne sont pas toujours toutes roses. À l’origine de cette culpabilité dévorante : le sentiment d’impuissance. Pour surmonter cette douloureuse expérience, les paroles rassurantes des médecins, du partenaire et parfois une aide psychologique extérieure sont nécessaires.
Une expression trop sombre ?
Alors que son utilisation devient de plus en plus populaire, l’expression bébé « arc-en-ciel » rencontre des détracteurs. Dans les pays anglo-saxons, le terme « rainbow baby » est notamment critiqué pour être trop triste. Le média Today a rencontré une maman qui ne peut se résoudre à l’utiliser.
Selon moi, faire référence à un bébé mort en parlant de quelque chose de sombre comme une tempête met davantage l’accent sur sa perte que sur la vie qu’il aurait pu avoir.
Une autre maman a expliqué avoir découvert le terme après avoir perdu son bébé, une petite fille qu’elle a appelé Hope.
Lorsque mon fils, Everett, est né, j’ai refusé de le voir comme un “bébé arc-en-ciel”. Je ne voulais pas qu’il soit défini par rapport à sa sœur. Hope est sa sœur et il est son frère. En aucun cas, il est et ne sera le bébé qui vient panser la peine d’avoir perdu Hope.