Trois méthodes alternatives innovantes
Les approches éducatives dites alternatives et les plus connues comme la pédagogie Montessori, Steiner ou Freinet sont particulièrement innovantes parce qu’elles sont centrées sur l’enfant et non pas sur les matières et la connaissance. Elles impliquent le caractère concret de l’apprentissage et tentent de renverser les schémas afin d’obtenir davantage de résultats à un niveau plus large. Elles mettent en jeu non seulement des notions, mais aussi la sociabilité, les émotions et le côté pratique. Elles visent en fin de compte à faciliter le processus d’apprentissage. Parmi ces stratégies pédagogiques, chacune présente ses avantages et ses inconvénients et il faut cependant savoir reconnaître celles qui sont les plus appropriées au contexte d’éducation et de formation dans lequel on opère.
La méthode Montessori et la méthode Waldorf-Steiner sont deux modèles éducatifs de nature psychologique et représentent deux alternatives valables à l’enseignement traditionnel. Le modèle élaboré entre le XIXe et le XXe siècle par Maria Montessori part de l’hypothèse que chaque enfant doit être libre d’exprimer ses capacités sans que l’adulte ne guide sa vie quotidienne : sur cette base, on en déduit que chaque enfant apprend de manière différente et à des moments différents de la vie selon ses possibilités et ses capacités. La méthode Waldorf-Steiner, quant à elle, se concentre en particulier sur l’expressivité artistique des enfants à travers des expériences sensorielles (travail manuel, peinture au pinceau, activités pratiques).
Le concept de la méthode Waldorf-Steiner
La pédagogie Waldorf est basée sur la pensée anthroposophique de Steiner, qui considère l’harmonie et le développement de la personne dans la tripartition entre le corps, l’âme et l’esprit comme primordiaux. Alors que la didactique traditionnelle vise essentiellement à faire ressortir les capacités cognitives et intellectuelles dans le programme scolaire, l’orientation Waldorf-Steiner vise à intégrer les composantes physiques et spirituelles de l’enfant sans considérer les niveaux de connaissance comme un produit nécessaire et obligatoire.
L’ancienne théorie des tempéraments ou des quatre corps a été reprise par Steiner pour encadrer la nature humaine : le corps physique (matière), le corps éthérique (esprit), le corps astral (passions et idéaux) et l’ego (conscience de soi). Les quatre corps représentent les composantes qui influencent de différentes manières les manifestations et les comportements au cours de la vie.
L’individu, la nature et l’art sont les piliers de la pédagogie de Steiner, qui promeut le courant appelé eurythmie comme un flux de conscience qui rapproche l’homme de l’univers, créant un potentiel éducatif, curatif et social qui peut harmoniser et équilibrer le corps et la psyché.
Les trois cycles éducatifs de Steiner
Selon Steiner, le parcours éducatif devrait comporter trois cycles : le premier (de la naissance à sept ans), le deuxième (de sept à quatorze ans) et le troisième (de quatorze à vingt et un ans).
Le premier cycle
À l’âge de sept ans, l’enfant a besoin de vivre dans un monde bon, riche en imagination et en stimuli provenant de l’environnement extérieur, où l’exemple des éducateurs a pour tâche de façonner la nouvelle personnalité. Dans cette phase de la vie, le jeu représente un moyen de connaissance indispensable pour interagir avec le monde physique, pour apprendre les compétences manuelles et les activités des adultes.
Le deuxième cycle
Dans la deuxième période de la vie (de sept à quatorze ans), lorsque la structure du corps change naturellement, l’approche pédagogique vise à développer le sens esthétique et le monde des sentiments. Les forces éthériques poussent l’enfant à la recherche de la beauté (« L’enfant de la seconde dentition à la puberté est un artiste »). Dans cette période de la vie, avec le début de l’éducation scolaire, la sociabilité se renforce ainsi que le développement de l’apprentissage symbolique et créatif, de la pensée autonome et conceptuelle.
Le troisième cycle
Dans le troisième temps, il est important de stimuler chez le jeune les capacités de la pensée logique et du raisonnement abstrait, la recherche de la vérité qui élève l’esprit et combine l’imagination et l’intellect dans la recherche de son avenir dans le monde.
Le rôle de l’éducateur
L’éducateur a pour tâche d’équilibrer les différents tempéraments de chaque enfant tout en permettant aux forces présentes en eux de se manifester et d’évoluer au fur et à mesure de leur changement.
Le rôle de l’enseignant est important dans ce contexte :
« Tout comme une graine qui est semée dans la terre en automne et réapparaît dans la plante au printemps, ainsi ce qui est semé chez l’enfant de huit ou neuf ans réapparaît dans la quarante-cinquième ou cinquantième année de vie ».
Nous pouvons conclure par une très belle et très significative phrase de Steiner qui résume parfaitement l’orientation pédagogique de son école de pensée : « Il y a trois façons efficaces d’éduquer : l’ambition, la peur, l’amour. Nous renonçons aux deux premiers ».