Vous lui avez répété la même chose deux fois, trois fois, dix fois, et il a refusé d’obéir. Bien planté sur ses petites jambes, Bouchon vous a longuement défié du regard. A bout de nerfs, vous lui avez collé une ou deux tape(s) sur les fesses avant de l’expédier hors de votre vue. Pour aussitôt regretter votre geste et culpabiliser : « Je suis un monstre : j’ai frappé mon enfant ! »
Il faut raison garder. Ne pas confondre l’authentique maltraitance, l’une des choses les plus abominables qui soit, avec le fait de claquer un jour « les miches » d’un petit être réfractaire, alors même que vous élevez votre enfant dans le respect, la joie, l’amour et la compréhension. Cette dernière conception de l’éducation est d’ailleurs fondamentale pour aider votre enfant à construire une bonne estime de lui-même.
Car vous avez essayé, avant d’en arriver là, d’expliquer gentiment à Bouchon les tenants et les aboutissants de la demande ou du refus que vous lui avez signifié. Il a parfaitement compris le message, mais il n’a pas voulu l’entendre. Il a cherché les limites, ce qui est tout à fait normal. ( cf article : Savoir dire non à son enfant et affirmer son autorité )
Une fessée traduit toujours un échec par rapport au système de persuasion «normal» : explication, haussement de ton, punition… mais si l’enfant franchit sciemment les limites, elle n’est pas dramatique tant qu’elle demeure exceptionnelle.
Ne pas en faire un psychodrame
Évitez de faire un psychodrame si le geste a été ferme mais mesuré, s’il n’y a pas eu humiliation publique. Vous précipiter vers votre enfant pour implorer son pardon serait une grosse bêtise : vous lui donneriez des pouvoirs trop étendus et il risquerait de perdre toute confiance en vous. Ne vaut-il pas mieux lui dire, sans touiller des heures non plus, quand la situation sera apaisée : « Je déteste te donner une fessée, je t’aime, mais je veux que tu comprennes que tu dois m’écouter » ?
On entend ici et là – surtout depuis le démarrage de la polémique autour de la loi qui interdirait les châtiments corporels dans les familles- qu’une fessée n’est pas une méthode éducative. Qu’elle banalise la violence. Qu’elle la légitime, même, comme moyen de résoudre un conflit. Ces arguments tiennent la route si on se trouve face à un parent qui abuse.
La maltraitance c’est quoi ?
Il n’est alors pas loin de la vraie maltraitance. Il frappe par plaisir ou parce que c’est le seul moyen d’exercer son autorité. Il est incapable d’éduquer son enfant avec amour et respect. Ces comportements très graves sont déjà réprimés pas l’arsenal juridique. Une loi sur la fessée, outre qu’elle culpabiliserait encore davantage des parents souvent hésitants et désireux de bien faire, irait sans doute trop loin en leur reniant toute forme de discernement.
Cet article a été écrit par Sylvie de Mathuisieulx, en collaboration avec le Docteur Georges Himy, pédiatre.