De peur d’être de mauvais parents, nous avons souvent tendance à coller aux basques de nos enfants dès que nous avons un moment de libre. Nous préférons les emmener
Le développement de l’imagination – et plus largement de l’intelligence, si, si – requiert du temps libre et de la rêverie. |
au zoo que nous plonger dans ce merveilleux polar qui nous attend depuis des semaines. Nous les impliquons consciencieusement dans la réalisation de la pâte à crêpes, quitte à passer ensuite une heure à lessiver la cuisine (un enfant de trois ans qui casse un œuf en met forcément partout). L’angoisse de l’inaction nous pousse à rentabiliser le moindre moment de creux, et si d’aventure, Bouchon reste assis par terre, contemplant fixement le tapis, on lui propose vite une occupation.
Misère. Laissons donc Bouchon tranquille. Il a le droit de souffler cinq minutes. Voire de s’enquiquiner un brin, ça n’a jamais tué personne.
Non, l’enfant qui joue tranquillement dans sa chambre ne se sent pas abandonné. Il ne perd pas son temps, non plus. |
D’ailleurs, qui nous dit qu’il s’enquiquine ? Il était peut-être bien en train d’imaginer, sur les formes géométriques du tapis du salon, des batailles rangées de dinosaures, de chevaliers ou de robots. Ou de se raconter une histoire. Ou de réfléchir au sens de la vie. Avait-il vraiment mieux à faire ?
Alors, laissons- le jouer comme il en a envie. Accordons-lui aussi du temps, tout seul, dans sa chambre, sans exiger un résultat ou un compte-rendu d’activité. Il a besoin de décompresser et de pouvoir faire ce qu’il aime. Regarder des livres. Jouer avec ses peluches, ses petites voitures, ses cubes ou ses poupées. Admirer le papier peint, le plafond. Vérifier le bon état de ses orteils.
Parce qu’un enfant qui n’est jamais désœuvré risquera de développer une certaine forme d’angoisse. D’être à son tour happé par le besoin de s’agiter. Les instits soulèvent souvent le problème des enfants du zapping, incapables de se concentrer quelques minutes d’ affilée. Et s’il y avait un lien ?
Cet article a été écrit par Sylvie de Mathuisieulx, en collaboration avec le Docteur Georges Himy, pédiatre .
Dès le plus jeune âge, nos enfants ont parfois des agendas de ministres. Entre l’école, la garderie, le yoga et l’éveil musical, on cavale, on cavale, on grignote un petit gouter, on lit vite une histoire, ensuite, le bain, et zou, la soupe, et hop, au lit. Dites, si on les laissait un peu jouer ?
De peur d’être de mauvais parents, nous avons souvent tendance à coller aux basques de nos enfants dès que nous avons un moment de libre. Nous préférons les emmener